ÉCHÉANCES

Militante un jour…

Une chose est certaine : bien que mon intérêt pour l’actualité politique, qu’elle soit nationale ou internationale, ait toujours été constant et assidu, je ne m’étais jamais engagée dans un parti ni même exercé mon droit de vote avant 2004. Une position qui peut sembler paradoxale certes. Mais qu’ils soient de droite, de gauche ou du centre, il m’apparaissait que tous ces partis jouaient la même partition, bien que sur des instruments différents. Leurs différences semblaient davantage relever de la forme que du fond.

Cependant, face à l’inéluctabilité du rapport de force et du combat politique, j’ai cru qu’en créant notre propre parti, nous pourrions faire autrement. C’est ainsi qu’est né notre mouvement, l’UFCN, avec une vision avant-gardiste. Nous fûmes les précurseurs et notre engagement, absolument nouveau, a quelque temps après, permis de voir émerger de nombreux petits partis prêt à s’engager sur la scène militante et politique.

Depuis les années du mitterrandisme, les citoyens français de référence afro-maghrébine étaient, d’une manière quasi automatique, rattachés à la gauche, qu’ils en soient l’outil, l’instrument ou l’alibi. Les grandes marches des beurs et d’autres mobilisations en étaient l’expression symbolique. Ce lien, à la fois contraint et parfois volontaire, semblait aller de soi, tant il reposait sur des promesses d’égalité et d’intégration portées par la gauche. Mais à partir des années 2020, un changement de giron s’est opéré : ces citoyens, autrefois ancrés dans une fidélité quasi aveugle à la gauche, ont progressivement commencé à se détourner de cette affiliation historique. Désormais, nombreux sont ceux qui cherchent refuge dans la droite, non pas par adhésion à ses principes intellectuels ou idéologiques, mais dans une dynamique d’embourgeoisement essentiellement matériel. Ce basculement n’est pas le fruit d’une réflexion politique profonde mais plutôt la conséquence d’une désillusion face à la gauche et d’une quête de reconnaissance sociale et économique.

Mais plus on s’informe, plus on perçoit l’ampleur de la supercherie et moins on a envie d’être le dindon de la farce. Cette prise de conscience m’a poussée à m’impliquer pleinement, jusqu’à fonder avec d’autres militants, notre propre parti. De 2004 à 2008, j’ai mené mon engagement politique de front avec mon activité associative, occupant successivement les postes de secrétaire nationale de l’UFCN et du RC, puis de présidente du MCD.

Aujourd’hui, cette période me semble lointaine, presque irréelle, comme si j’émergeais d’une illusion tenace, d’un mirage persistant. Cette expérience, riche et dure en enseignements, s’est révélée également amère, notamment en ce qui concerne le rôle de l’élection comme symbole de la démocratie.

Tout cela appartenait à une autre époque, bien avant que je ne commence à voter blanc… avant même que je ne décide de ne plus voter du tout. Mon engagement politique est désormais un chapitre clos, une époque révolue qui me semble presque étrangère.

Je n’ai jamais été naïve au point de croire que l’élection d’un parti, qu’il soit de gauche, de droite ou du centre, pourrait bouleverser fondamentalement nos vies. L’expérience a prouvé que l’alternance des uns et des autres ne changeait rien pour moi, en tant que femme voilée d’origine afro-maghrébine, fille de parents immigrés.

C’est pourquoi je n’ai jamais adhéré ni à un parti du gouvernement ni à un petit parti. Pourtant, j’ai traversé une phase où l’implication politique m’est apparue comme un impératif moral : il me semblait malhonnête de me contenter de dénoncer la corruption du système sans chercher à agir. On nous répétait que seule l’action pouvait faire bouger les lignes. J’ai voulu y croire.

Le hasard – bien que je ne croie guère à la coïncidence – a voulu que ma première candidature aux cantonales, en mars 2004, survienne dans un contexte très particulier : une semaine après la promulgation de la loi du 15 mars 2004 sur les signes religieux à l’école. Une loi prétendument universelle mais qui visait en réalité le voile islamique.

Cet épisode a renforcé ma conviction quant à l’homogénéité du paysage politique : l’Assemblée nationale a adopté ce texte à 93,2 % des voix, toutes tendances confondues. L’UMP l’a soutenu à 90 %, le PS à 93 %, l’UDF à 43 %, le PCF à 31 %, et même 33 % des non-inscrits ont voté pour.

Néanmoins, malgré les obstacles – l’absence totale de visibilité médiatique, l’absence de moyens pour diffuser une propagande digne de ce nom, l’absence de QG, l’absence de relais parmi les représentants officiels et officieux de la communauté musulmane–, nous avons obtenu des résultats plus qu’honorables grâce à des militants et des militantes convaincues, que je salue encore une fois ici.

Après vingt ans d’engagement auprès des jeunes, mon parcours associatif et militant a pris fin. L’usure a joué son rôle – le corps a ses limites que la raison ignore – mais d’autres facteurs ont également pesé, que j’expliquerai peut-être un jour.

—————————————————

Je fus successivement, secrétaire nationale de l’UFCN et du RC (Union Française pour la Cohésion Nationale et Résistance Citoyenne), puis présidente du MCD (Mouvement Citoyen pour la Diversité). Et je participe de 2004 à 2008, je participe à 8 échéances électorales.

Et bien qu’il n’y ait eu en cela aucun calcul, j’ai commencé ce cycle « électoral » dans ma ville natale en 2004,  et j’ai clôturerai ce cycle également dans ma ville natale en 2008.

Cantonales du 21 mars 2004

Score : 6ème sur les 12 candidats en lice avec 3.85 % des voix.

Il est pour moi assez symbolique ma première candidature ait lieu dans ma ville natale. Précisons, que la candidate sortante l’a remporté avec moins de 3700 voix et  plus de 50% d’abstention !

  1. GARCIA  PCF  36.85% 
  2. BATARD   PS   18.99% 
  3. TYAN  UMP   12.53% 
  4. FOUCAULT   FN  8.94% 
  5. PAPOUIN  UDF   6.69% 
  6. Faouzia Zebdi-Ghorab   3,85 % 
  7. VIAUD  DVD  2.93%
  8. PAULET  ECO  2.54%   
  9. STRUMMANE  LO  2.48% 
  10. ATALLAH    SE  2.16% 
  11. FERHAT  MRC  1.15% 
  12. ALLAIN  PT  0.88%

Nous avions par ailleurs 11 candidats répartis sur les départements  suivants : 34, 54, 67 , 77, 90, 92, 93, 94, 95.

Européennes du 13 juin 2004

Score : Sur 28 listes nous obtenons la 24ème place (865 voix, 0.03%). A noter que pour cette élection nous n’avons pas eu droit à la distribution de la documentation de propagande !

Euro-Palestine présente une liste qui bénéficie d’une sympathie et d’une publicité tonitruante, et d’une logistique relayée par de nombreux maghrébins malgré l’appel de la représentante officielle de l’OLP leila Chahid [1] a ne pas voter pour cette liste

Malgré le soutien des sites musulmans les plus influents leur liste atteint seulement 01.83 %.

Cette liste faisait par ailleurs de l’ombre à  Alima Boumediene-Thiery, députée européenne sortante et deuxième sur la liste d’Alain Lipietz, d’obtenir un second mandat. La députée s’était pourtant distinguée, au Parlement européen, en appelant au boycott du «régime d’apartheid israélien» Alors qu’une concertation avec cette liste aurait évité  leur double chute respectives.

Je prends l’exemple d’Euro-Palestine crée en 2004 en vue de ces élections, car sur le plan européen nos revendication portaient notamment sur le fait que l’UE devait se positionner CLAIREMENT dans la défense de la légalité internationale en soutenant notamment la cause des peuples spoliés de leurs droits et de leurs souverainetés, en sanctionnant politiquement et économiquement les États oppresseurs, voire même en intervenant militairement au besoin pour la protection des populations en péril,

Sénatoriales de septembre 2004

Élections un peu particulières car seuls les GRANDS ÉLECTEURS votent c’est-à-dire les élus départementaux et municipaux. Nous présentons 3 listes dans trois départements (Paris- Hauts de Seine – Bas Rhin)

Score: le suffrage de 2 grands électeurs avec 0.10% des voix

Notre candidat de Paris obtient la voix d’un GRAND ÉLECTEUR (0.04%). Quant à notre candidat du Bas Rhin il obtient également la voix d’un GRAND ÉLECTEUR. (0.04%).

Septembre 2004

Après avoir essayé d’associer sans succès quelques acteurs à l’établissement d’une action, je dépose au nom de notre organisation, un recours contre la loi du 15 mars 2004 auprès du Conseil d’État.

Octobre 2004

Rejet par le Conseil d’État des requêtes de notre requête contre la circulaire du ministre de l’Éducation nationale du 18 mai 2004 prise pour l’application de la loi encadrant le port de signes religieux dans les établissements scolaires publics.

Législatives partielles du 28 novembre 2004

Je me souviens entre autre du froid qui dévore nos mains et nos pieds gelés alors que nous battons le pavé avec nos tracts. A l’heure de la prière nous tentons de trouver refuge dans la mosquée de Mantes la Jolie. Et là comprenant qui nous étions nous sommes « poliment » sommés de quitter les lieux au plus ainsi même que le trottoir qui longe toute la mosquée.

Il faut savoir que les « accords » entre les mosquées et les partis politiques font rage en période de campagne… C’est à qui fera le plus de promesses

C’est donc paradoxalement dans une circonscription qui couvre la ville de Mantes la Jolie que nous obtenons le score de 1.00% des voix.  Il faut préciser que sur le terrain on nous connait moins car nous sommes majoritairement de Paris et des Hauts de Seine. De plus le taux d’abstention est relativement élevé.

Pierre Bédier candidat UMP l’emportera et se rendra par la suite célèbre par les 4000 caméras « anti attentat » qu’il va déployer dans les Yvelines.

Législative partielle dans la 6e circonscription des Hauts-de-Seine

Score : 7 ème  place sur 9 candidats dont Nicolas Sarkozy.

Novembre 2006

L’UFCN devient RC (Résistance Citoyenne)

Législative de juin 2007, 4ème circonscription des Hauts de Seine

Le RC présente 3 candidats. J’arrive 7ème sur les 16 candidats en lice.

Score sur Nanterre : 2.93%    (avant les Verts 2.86%, avant la LCR 1.53%, avant LO 0.49%,  et avant 5 autres listes.)

Municipales du 09 mars 2008

La liste que je conduis obtient 3.79% des suffrages. Dans certains bureaux nous atteignons presque 14%.  Avec 6 voix de plus par bureau aux prochaines échéances électorales nous franchirons la barre des 5% !

Score : 2.29 % sur le Canton Sud Ouest

  • 5.64% dans le bureau 28
  • 5.94% dans le bureau 29
  • 9.95% dans le bureau 31

Score ; 4.21 % sur le Canton Nord

  • 5.96% dans le bureau 9
  • 6.71% dans le bureau 16
  • 10.28 % dans le bureau 14
  • 11.84 % dans le bureau 10

Score : 5.74 % sur le Canton Sud Est  (3.85 % en mars 2004) et  5.49% dans le bureau 36

  • 6.88% dans le bureau  40
  • 8.19% dans le bureau 33
  • 8.94% dans le bureau 32
  • 13.53% dans le bureau 34

Cantonales mars 2008

Score :  4.85% des voix exprimées.

Avec seulement  1 voix de plus par bureau aux prochaines échéances électorales nous franchirions la barre des 5%

  • 6.30% dans le bureau 9
  • 6.97% dans le bureau 16
  • 7.66% dans le bureau 11
  • 9.83% dans le bureau 8
  • 13.28% dans le bureau 14
  • 13.64% dans le bureau 10

Pour en savoir plus

Candidate aux élections cantonales du 21 mars 2004 / Hauts-de-Seine (92) – NANTERRE / Canton SUD-EST

Candidate à l’élection européenne du 13 juin 2004 / Île-de-France

Candidate à l’élection sénatoriale septembre 2004 / Hauts-de-Seine (92)

Candidate à l’élection législative partielle du 28 novembre 2004 8ème circonscription des Yvelines

Candidate à l’élection législative partielle du 28 novembre 2004 8ème circonscription des Yvelines

Candidate à l’élection législative du 10 juin 2007 / Hauts-de-Seine (92) – 4e circonscription

Candidate à l’élection cantonale du 21 mars 2008 / Hauts-de-Seine (92) – NANTERRE / Canton NORD

Candidate à l’élection municipale du 9 mars 2008 / Hauts-de-Seine(92) – NANTERRE

MIRAGE