Une candidature fondatrice, un acte de rupture

Elections cantonales : Canton NANTERRE-SUD-EST

« Il est symbolique que ma première candidature ait eu lieu dans ma ville natale, quelques jours seulement après la promulgation de la loi du 15 mars 2004 sur les signes religieux. »

En mars 2004, je me présente pour la première fois à une élection, dans le cadre des cantonales, sous les couleurs de l’UFCN. Cette première candidature — dans ma propre ville, Nanterre — est aussi une réponse directe à un climat politique tendu : une semaine plus tôt, la loi du 15 mars avait été votée à une majorité écrasante, toutes tendances confondues, ciblant explicitement les jeunes filles voilées au nom de la laïcité.

Dans ce contexte, notre présence électorale prenait la forme d’un acte de parole politique là où le silence était imposé, d’un refus de se contenter de l’indignation. Nous n’avions ni moyens financiers, ni relais médiatiques, ni QG de campagne. Et pourtant, nous avons obtenu 3,85 % des voix d’électeurs qui ont choisi de soutenir une voix dissidente, dans un paysage totalement verrouillé par les partis traditionnels. Cela nous a placés en 6ᵉ position sur 12 candidats, devant plusieurs candidats de partis établis, écologistes, d’extrême gauche ou divers droites.

Ce résultat souligne une mobilisation significative dans un contexte difficile, marqué par une abstention élevée et une récente législation controversée.

Rang	Candidat(e)	Parti / Étiquette	% des voix
1	N. Garcia	PCF	36,85 %
2	Batard	PS	18,99 %
3	Tyan	UMP	12,53 %
4	Foucault	FN	8,94 %
5	Papouin	UDF	6,69 %
6	Faouzia Zebdi-Ghorab	UFCN	3,85 %
7	Viaud	DVD	2,93 %
8	Paulet	ECO	2,54 %
9	Strummane	LO	2,48 %
10	Atallah	SE	2,16 %
11	Ferhat	MRC	1,15 %
12	Allain	PT	0,88 %

 

 

 

 

Il est aussi utile de rappeler que l’élue sortante, Mme Garcia (PCF), a été reconduite avec seulement 1723 voix au premier tour, dans un contexte de plus de 50 % d’abstention (45,20 % de participation). Moins de 3700 voix au second tour auront suffi à trancher l’élection, dans une ville de près de 8000 inscrits. Ce seul chiffre devrait interroger sérieusement le fonctionnement de notre démocratie représentative.

Notre résultat à l’échelle nationale

Au total, l’UFCN a présenté 12 candidats dans 11 départements (de la Seine-Saint-Denis au Doubs, de l’Hérault à la Moselle). Tous nos candidats, souvent inconnus des appareils, se sont présentés dans des conditions extrêmement précaires, mais portaient une parole indépendante, issue des quartiers populaires, souvent musulmane, toujours minoritaire. Certains scores sont particulièrement notables : 5,70 % à Belfort-Ouest (Bouabdellah Kiouas), 3,85 % à Nanterre (moi-même), 3,45 % à Montpellier (Amal Chantir).

Canton	Nos Candidat(e)	% des voix
Canton de BELFORT – OUEST (dept 90)	Bouabdellah KIOUAS	5,70 %
Canton de NANTERRE SUD – EST (dept 92)	Faouzia ZEBDI-GHORAB	3,85 %
Canton de MONTPELLIER-LA-PAILLADE (dept 34)	Amal CHANTIR	3,45 %
Canton de BELFORT – EST (dept 90)	Latifa RAHAL-BARRHAZI	2,70 %
Canton de SEVRAN (dept 93)	Mohamed BEN HADDOU	0,92 %
Canton de TOMBLAINE (dept 54)	Zinédine SAMMARI	1,26 %
Canton de MEAUX – NORD (dept 77)	Majid AID	1,20 %
Canton de JARVILLE – LA – MALGRANGE (dept 54)	Abdelhakim BENHARA	1,22 %
Canton de SARCELLES SUD-OUEST (dept 95)	Nabil BEN BRAHIM	1,30 %
Canton de IVRY-EST (dept 94)	Rachida AMAOUCHE-ACHACHE	0,79 %
Canton de Strasbourg 6 (dept 67)	Romdane FERDJANI	0,69 %
Canton de NOISY – LE – GRAND (dept 93)	Halim MEDDAH	0,41 %

Ce qu’il faut retenir

Ce premier scrutin n’était pas un échec, mais un baptême du feu. Il a montré qu’une autre parole était possible, même sans adossement à une structure politique existante. Il a révélé aussi la fragilité des grands récits politiques, où l’unanimisme de façade masque des fractures profondes. Et il a surtout permis de faire émerger, sur la scène politique locale, des visages et des consciences nouvelles, hors des cadres attendus.