Elections européennes – 13 juin 2004 (circonscription Île-de-France)

Contexte politique et électoral

À peine trois mois après les cantonales, nous participons pour la première fois à une élection d’envergure nationale. Notre présence dans cette échéance européenne s’inscrivait dans la volonté d’élargir le cadre du débat politique : porter à Bruxelles la voix des peuples spoliés, oubliés, marginalisés, notamment autour des questions de souveraineté, de justice internationale et de la responsabilité des grandes puissances face aux violations du droit.

Mais notre campagne a été gravement entravée par un fait fondamental : nous n’avons pas eu accès à la distribution de la documentation de propagande officielle. Dans une élection où la visibilité médiatique est déjà très inégale, cette exclusion nous a quasiment rendus invisibles.

Un rapport de force écrasant et déséquilibré

Dans le même scrutin, la liste Euro-Palestine — créée pour l’occasion — bénéficiait d’un soutien logistique massif, de relais dans de nombreux cercles militants, et d’un traitement médiatique bruyant. Or, malgré le soutien des sites musulmans les plus influents, cette liste n’a atteint que 1,83 % des suffrages. Il est utile de rappeler que Leila Shahid, représentante officielle de l’OLP, avait publiquement appelé à ne pas voter pour cette liste, dont elle contestait la légitimité.

L’existence de cette liste a eu un double effet : elle a concentré toute l’attention médiatique liée à la cause palestinienne, tout en desservant des candidatures cohérentes, comme celle d’Alima Boumediene-Thiery, eurodéputée sortante et figure engagée, qui n’a pas été réélue.

Ce choix non concerté a donc affecté négativement plusieurs dynamiques militantes parallèles, révélant les limites d’un engagement basé sur l’émotion plus que sur la stratégie politique de long terme.

Résultats des élections  (Plus de 52% d’abstentions)

Ce qu’il faut retenir

Cette participation, malgré son résultat numériquement modeste, reste un acte symbolique fort. Dans une élection verrouillée par les grands partis et les listes médiatiquement sur-représentées, nous avons existé politiquement sans capituler sur nos principes. Ce scrutin a également mis en lumière la nécessité de stratégie concertée entre les candidatures issues des luttes minoritaires, pour ne pas reproduire les effets d’effacement mutuel. Notre candidature posait une question simple mais essentielle : l’Europe peut-elle continuer à se dire puissance de paix tout en restant spectatrice des injustices les plus criantes ?