Libye : l’humanitaire en rafales, ou l’art occidental de voler les révolutions

Intervention militaire en Libye : légalité cosmétique et impérialisme réel

« Mon devoir est de parler, je ne veux pas être complice. » Cette phrase de Zola, aussi vieille que l’affaire Dreyfus, résonne tragiquement aujourd’hui encore, alors que l’injustice internationale se travestit en vertu, et que l’intervention armée est consacrée comme acte de bienveillance.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, le Conseil de sécurité des Nations unies a donné son blanc-seing à la guerre, validant par dix votes et cinq abstentions une résolution aux accents impériaux : « toutes les mesures nécessaires »… L’euphémisme diplomatique pour « bombarder sans retenue ».

 L’ingérence armée en Libye : nouvelle croisade au nom des droits de l’homme

L’ancienne ministre des Affaires étrangères avait offert à Ben Ali l’« expertise » des forces de sécurité françaises pour réprimer une révolution populaire. Aujourd’hui, Paris salue avec enthousiasme l’autorisation des frappes contre la Libye. Entre soutien aux dictateurs déchus et célébration de la guerre vertueuse, la constance de la politique française s’appelle cynisme.

Bernard-Henri Lévy, globe-trotter du néo-interventionnisme et VRP d’une « morale » militarisée, voit s’ouvrir une nouvelle scène pour son théâtre humanitaire : après la Bosnie, l’Irak, le Soudan, l’Afghanistan… voici la Libye. Chaque fois, les bombes tombent au nom du Bien, chaque fois elles laissent derrière elles ruines, chaos et rancunes.

Intervention militaire en Libye : deux poids, deux mesures de la diplomatie française

À Gaza, les enfants meurent en silence. Pas de résolution. Pas de frappes. Pas de sanctions. La France, si prompte à dégainer contre un tyran du Sud si mal armé, est soudain frappée d’aphasie lorsqu’il s’agit d’un allié stratégique comme Israël. L’indignation est sélective, et la géopolitique a ses pudeurs.

Pas de courage pour défendre les civils palestiniens. Mais une énergie inépuisable pour destituer les « ennemis » de l’Occident, imposer l’ordre pétrolier, flatter les multinationales, et poursuivre cette guerre de civilisation contre les peuples musulmans, constamment présentés comme barbares, instables ou incapables.

L’opération militaire occidentale en Libye : une farce démocratique

Quelle que soit notre opinion sur Kadhafi – tyran ou résistant selon les narrateurs – nul ne peut justifier que la révolution libyenne soit confisquée par des puissances étrangères, non pour sauver un peuple, mais pour piller un pays. Sous prétexte de libération, on impose l’humiliation. Sous le drapeau de la démocratie, on enterre la souveraineté.

Face à l’intervention militaire en Libye : le devoir de la sanction citoyenne

Arrêtons de condamner ou de demander des explications et des réactions de protestation des uns et des autres en nous posant comme simples arbitres de leurs joutes politiques.

Assez de constats. Assez d’indignation verbeuse. Il est temps que la colère prenne la forme politique qu’elle mérite. Si le Conseil de sécurité peut voter la guerre, nous pouvons, nous aussi, voter la sanction. L’UMP, fer de lance de cette duplicité, doit être frappée dans les urnes. Les cantonales des 20 et 27 mars 2011 doivent devenir un référendum moral. Non à l’usurpation. Non à l’hypocrisie. Non à la guerre.

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