Déterminisme et fatalisme : comprendre la prière d’istikharah
Déterminisme et fatalisme : quelle place pour le libre arbitre dans la prière d’Istikharah ?
Istikharah : un équilibre entre déterminisme et fatalisme en islam
Le déterminisme (الحتمية) repose sur l’idée que chaque événement est le résultat d’une chaîne de causes et d’effets. Les choix, les actions d’une personne et les circonstances extérieures concourent à un résultat donné. Dans ce cadre, faire la salat al-istikharah (صلاة الاستخارة) revient à demander la guidance divine pour faire le meilleur choix dans une situation précise. La personne continue d’agir, elle fait des efforts et son libre arbitre reste central. Déterminisme et fatalisme en islam comment faire la part des choses?
Imaginons qu’une personne sans emploi recherche un travail. Si elle obtient le poste, elle peut y voir un signe que ses efforts ont suivi la bonne direction. Cependant, discerner si ce poste est réellement bénéfique nécessite une réflexion continue. Elle pourrait évaluer des critères pratiques tels que l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle, la satisfaction au travail et les opportunités de développement.
Spirituellement, elle peut aussi s’interroger : ce poste contribue-t-il à son épanouissement moral et à sa proximité avec Dieu ? Une fois le poste obtenu, lui sera-t-il interdit de réévaluer sa situation ? Aura-t-elle le droit de dire : « J’ai prié pour être guidé dans ce choix. J’ai eu ce poste, donc je vais y investir mon énergie. Si, avec le temps, je me rends compte que ce n’est pas ce qui me convient, je peux envisager un changement. »
Le fatalisme en islam : un risque de résignation passive
Le fatalisme (القدرية) suppose que tout est écrit à l’avance et que l’on ne peut rien changer, peu importe nos actions. Cela conduit à une forme de passivité ou de résignation. Après avoir fait la salat al-istikharah et obtenu le poste, la personne fataliste pourrait penser : « Puisque Dieu m’a donné ce poste, je dois l’accepter sans jamais remettre en question cette situation, même si je suis malheureux. »
Cette attitude annule la responsabilité personnelle. La personne se condamne à rester dans un environnement néfaste parce qu’elle pense que c’est voulu. Aucune évolution ni amélioration de sa condition n’est envisagée, car cela n’est pas pensable.
Déterminisme et fatalisme en islam : comment faire la part des choses ?
Déterminisme et fatalisme sont souvent confondus. Pourtant, la distinction entre une acceptation passive des événements et une responsabilité active dans nos choix est essentielle. L’Istikharah n’est pas un simple acte de soumission, mais un dialogue continu entre la volonté divine et le libre arbitre humain. Elle nécessite discernement et réflexion.
En islam, le libre arbitre et la responsabilité personnelle sont des notions fondamentales. Même après avoir reçu un signe ou une circonstance opportune, le croyant doit réfléchir, agir et réajuster sa trajectoire en fonction de la réalité. La salat al-istikharah n’est pas un outil pour déléguer entièrement sa volonté à Dieu. C’est une demande de clarté et de guidance.
Une fois la décision prise, il est naturel d’évaluer si la situation correspond à nos besoins et aspirations. La personne est convaincue que Dieu l’a aidée à faire un choix, mais elle sait que la vie est un processus dynamique. Si les choses ne vont pas, elle peut chercher à changer, en priant à nouveau ou en prenant des décisions basées sur son expérience.
À l’inverse, la personne fataliste croit que le fait d’avoir obtenu ce poste ou d’avoir choisi tel époux signifie que tout est figé, peu importe ce qu’elle ressent ou vit par la suite.
Désirer un changement n’est pas une rébellion contre la décision divine
Il est essentiel de distinguer plusieurs concepts clés : la volonté divine, le libre arbitre humain et l’omniscience divine.
Volonté divine et volonté humaine
Volonté divine et volonté humaine ne sont pas en opposition, mais en interaction. Dieu, dans Son infinie sagesse, a créé l’être humain avec une capacité de choix et une responsabilité dans ses actions. Accepter la guidance divine n’annule pas l’usage de la raison et du jugement personnel.
Faire la salat al-istikharah est une demande d’orientation. Mais cela ne signifie pas que la personne doit cesser de réfléchir ou d’éprouver des sentiments une fois la décision prise. « Dieu, en me créant avec un libre arbitre, a voulu que j’utilise cette capacité. Reconsidérer une situation qui ne me satisfait pas n’est pas un rejet de Sa volonté, mais l’exercice de la faculté qu’Il m’a donnée. »
Confondre volonté divine et passivité humaine
Croire que toute décision est définitive sous prétexte qu’elle semble correspondre à la volonté divine, c’est nier la dynamique de la vie humaine. Dieu connaît le passé, le présent et l’avenir, mais l’humain non.
C’est pourquoi il ne peut pas adopter une attitude figée. Penser que vouloir changer de travail est une rébellion contre Dieu, c’est oublier que Dieu savait déjà que nous passerions par cette étape de doute et de regret. C’est donc nous qui limitons la compréhension de Sa sagesse en croyant que nous devons rester dans une situation coûte que coûte.
L’omniscience divine inclut nos désirs de changement
Dieu est omniscient : Il sait d’avance non seulement les événements de notre vie, mais aussi nos réactions, nos émotions et nos décisions futures. Vouloir changer de situation fait déjà partie de ce que Dieu sait et a prévu.
Refuser de reconnaître ses propres besoins sous prétexte de respecter la volonté divine, c’est nier que Dieu connaissait, connaît et connaîtra ces besoins avant même que nous en ayons conscience. Ce désir n’est pas une « surprise » pour Lui, ni un acte de rébellion de notre part. En pensant que nous devons rester statiques nous refusons de concevoir l’étendue de Sa connaissance.
Responsabilité personnelle : un devoir, pas une rébellion
L’humain a la responsabilité de chercher activement le bien pour lui-même et pour les autres. Cela implique de s’adapter, de progresser et, parfois, de remettre en question une situation qui ne correspond plus à ses valeurs ou à son bien-être.
Rester dans une situation difficile par peur de contredire ce que l’on suppose être la volonté divine peut mener à la négligence de ses propres devoirs. Dieu nous a confié la responsabilité de prendre soin de nous-mêmes. Refuser de changer une situation néfaste, ce n’est pas faire preuve de piété, mais de négligence.
L’exemple des prophètes et des figures religieuses
Les récits religieux regorgent d’exemples où des prophètes et des croyants ont adapté leurs choix, changé de voie ou même contesté des situations difficiles, tout en restant soumis à Dieu.
Le Prophète Muhammad (paix et bénédictions sur lui) a modifié ses stratégies entre La Mecque et Médine. Il a prié pour être guidé, mais cela ne l’a pas empêché de réajuster ses décisions. De même, Moïse (paix sur lui) a répondu aux défis en adaptant ses actions. Jonas (paix sur lui), après avoir fui sa mission, a été confronté aux conséquences de son choix, puis a rectifié sa trajectoire.
Même les prophètes ont dû s’adapter aux circonstances tout en restant fidèles à leur foi. Vouloir évoluer ou changer une situation ne signifie pas rejeter la volonté divine, mais suivre l’exemple des pieux prédécesseurs.
Conclusion : la soumission active plutôt que la passivité
La soumission à Dieu n’est pas une passivité. C’est une soumission active, où l’on fait des choix éclairés en utilisant les facultés que Dieu nous a données.
Vouloir changer une situation n’est pas un signe de rébellion contre Dieu. C’est reconnaître que Sa volonté inclut notre capacité à évoluer. La véritable foi consiste à comprendre que Dieu guide nos pas, mais attend de nous que nous marchions activement, avec discernement et responsabilité.
Article éclairé et utile à la communauté qui doit se tourner systématiquement vers l’istikhara.
La distinction entre fatalisme et déterminisme est la clé pour mieux saisir le sens de cette invocation.
Article clair, net, précis et concis, comme d’habitude.
Barak-Allahou-fiki