Écrire, même si cela ne suffit pas
Écrire, même si cela ne suffit pas
La pensée n’a pas besoin d’être majoritaire pour être juste. Elle a besoin d’être tenue — dans l’adversité, face au mensonge, contre la soumission à l’ordre établi.
Écrire ne suffit pas. Cela ne renverse pas un pouvoir. Cela ne déprogramme pas une idéologie. Cela ne fait pas taire ceux qui gouvernent par la peur ou le mensonge. Mais ne pas écrire, c’est s’installer dans la défaite. C’est laisser les mots aux mains de ceux qui les vident, les manipulent, les retournent.
Il faut écrire quand le langage est confisqué, quand les mots deviennent des armes de gestion ou des instruments d’obéissance. Il faut écrire quand le silence devient la condition de la respectabilité, quand l’indignation devient un hashtag, et la nuance une soumission molle.
Écrire pour maintenir la fracture
Ces textes ne cherchent ni consensus ni approbation. Ils ne courtisent ni les gouvernants ni les résignés. Ils ne veulent pas plaire, ils veulent nommer. Ils posent une ligne : celle du refus. Refus des impostures sémantiques. Refus des alliances tactiques. Refus de l’oubli organisé.
Écrire ici, c’est maintenir une tension là où tout pousse à l’effacement. C’est saboter la normalisation. C’est empêcher que le réel soit livré, sans résistance, aux faussaires.
Ce qui est rassemblé ici
Les textes rassemblés ici sont des bribes de pensée, de vigilance, de mémoire. Ils ne flatteront aucun réflexe communautaire, aucun mythe républicain, aucun confort moral. Ils existent pour cela : pour déranger, désaxer, déchirer le récit dominant. Ils ne sont pas neutres, ni pédagogiques, ni aimables.
Contre l’amnésie organisée
Quand le Moyen-Orient s’enflamme, il faut regarder les racines, pas seulement les flammes. Quand la France se fissure, il faut écouter les marges, pas les plateaux télé. Quand la langue publique se vide, il faut relever les mots qui dissimulent, ceux qui recouvrent, ceux qui détournent.
Quand une catastrophe fauche des vies, humaine ou politique, il faut écrire ce que personne ne veut entendre. Il faut écrire là où l’attention a déjà fui. Il faut tenir la ligne, même dans le vide.
Une orientation, pas une posture
Ce n’est pas un programme. Ce n’est pas un manifeste. C’est une position. Un refus actif. Une orientation assumée.
Écrire, non pour convaincre, mais pour rester debout.
Écrire, non pour réparer, mais pour dévoiler.
Écrire, non pour clore le débat, mais pour empêcher qu’il soit confisqué.
Il faut écrire, même si cela ne suffit pas. Parce que se taire, ce serait consentir. Parce qu’il faut que quelqu’un dise, noir sur blanc, que tout n’a pas été accepté sans résistance. Parce que tout ne peut pas passer sans réponse.