Saviez-vous que le vote est obligatoire dans certains pays ?
Un droit, pas un devoir
En France, le vote n’est pas obligatoire pour les citoyens quelles que soient les élections : présidentielles, législatives, municipales, européennes… C’est un droit fondamental, mais non contraignant. Autrement dit chacun est libre de voter… ou non.
Il existe une seule exception…
Ceux que l’on appelle les « grands électeurs « ( principalement les élus locaux ) sont obligés de voter lors des élections sénatoriales. En cas d’abstention non justifiée, ils encourent une amende de 100 €.
Qu’en est-il des autres pays ?
Le vote est légalement obligatoire dans une vingtaine de pays à travers le monde, mais seuls quelques-uns en appliquent réellement les sanctions.
Parmi les États les plus rigoureux il y a : la Belgique, le Luxembourg, la Grèce, Chypre, l’Australie, l’Argentine, le Brésil, Singapour, le Pérou et l’Équateur, où l’abstention peut entraîner des amendes, des radiations électorales ou des restrictions administratives.
D’autres pays comme le Mexique, la Bolivie, la Turquie ou la Thaïlande conservent une obligation surtout symbolique, sans réelle application.
Enfin, certains États comme les Pays-Bas ou l’Autriche ont abandonné cette contrainte, tandis que d’autres (Italie, Suisse (canton de Schaffhouse) la maintiennent formellement sans en assurer l’effectivité.
L’idée d’un vote obligatoire a été plusieurs fois évoquée en France, sans jamais aboutir.
En 2007, le Conseil économique et social a émis un avis favorable à un débat sur l’instauration du vote obligatoire, mais sans suite législative.
En 2017, Jean-Louis Debré, ancien président du Conseil constitutionnel, a plaidé publiquement pour cette mesure.
Certains parlementaires ont aussi déposé des propositions de loi (notamment en 2019 et 2022), qui n’ont jamais été discutées en séance.
L’idée revient régulièrement dans les périodes de forte abstention, mais aucune majorité politique ne s’en est jamais réellement emparée. En France le vote donc reste un acte volontaire et forcer à voter serait pour beaucoup assimilable à une atteinte à la liberté de conscience.
Obliger à voter : solution civique ou faux remède démocratique ?
Il est évident que rendre le vote obligatoire ferait grimper les taux de participation. Mais au-delà de cette arithmétique de satisfaction, cela garantirait-il une véritable adhésion aux programmes ? Une revitalisation authentique du lien démocratique ? Rien n’est moins sûr.
Faut-il défendre la liberté de s’abstenir comme l’ultime expression du pluralisme politique, y compris le droit de dire « je ne choisis personne » ? Ou faut-il au contraire exiger de chaque citoyen un geste minimal, même désabusé, pour préserver le rituel collectif du suffrage ?
Une question à suivre…
Des bureaux de vote entièrement désertés seront-ils le symptome d’un effondrement démocratique, ou au contraire, le signe d’un sursaut démocratique ?
De quoi, au fond, l’obligation de voter — ou le refus de cette obligation — sera t-elle le symptôme ? D’une exigence de participation à tout prix ? Ou d’un malaise plus profond sur la légitimité de l’offre politique elle-même ?
Une réflexion qui nécessitera bien évidemment qu’on y revienne.