Saviez-vous que le vote blanc n’est pas reconnu comme un suffrage exprimé ?
Une distinction peut-être méconnue
Beaucoup de citoyens pourraient penser que voter blanc, c’est malgré tout s’exprimer. C’est dire : « je me déplace, mais je refuse les candidats ».
Pourtant, le vote blanc n’est pas comptabilisé comme un suffrage exprimé. Concrètement, cela signifie qu’il n’a aucune incidence sur le résultat final d’une élection.
Suffrages exprimés, bulletins blancs, bulletins nuls : quelle différence ?
Le droit électoral français distingue trois catégories :
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Les suffrages exprimés : ce sont les bulletins valides, attribués à un candidat ou à une liste.
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Les bulletins blancs : c’est l’enveloppe vide, ou un bulletin sans nom.
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Les bulletins nuls : ce sont les bulletins annotés, déchirés, rayés, ou ambigus.
Seuls les suffrages exprimés servent à déterminer le score des candidats.
Les bulletins blancs sont comptabilisés à part depuis 2014, mais ils ne sont pas pris en compte dans le calcul des pourcentages.
Lors des législatives 2022 par exemple, dans plus de 70 % des circonscriptions, la majorité des électeurs inscrits ne s’est pas déplacée. Cela signifie qu’un député peut être élu avec le vote de moins de la moitié des inscrits sur les listes électorales.
Une évolution récente, mais incomplète
Il a fallu attendre la loi n°2014-172 du 21 février 2014 pour que les bulletins blancs soient officiellement dissociés des bulletins nuls dans les résultats.
Mais cette reconnaissance reste purement symbolique. Elle ne modifie en rien la mécanique électorale. Le vote blanc est vu, compté, mais reste sans effet.
Une reconnaissance sans conséquence ?
Donner une réelle valeur au vote blanc impliquerait, par exemple : qu’un candidat ne puisse pas être élu si le vote blanc arrive en tête ou que l’élection soit reconduite, faute de légitimité démocratique suffisante.
Une telle réforme transformerait en profondeur l’équilibre du système représentatif. Elle introduirait une possibilité de refus collectif, là où l’élection actuelle repose sur une logique d’arbitrage obligatoire entre les options proposées. révoir qu’il puisse déclencher un nouveau scrutin ?
Pourquoi cela dérange
Donner un poids effectif au vote blanc reviendrait à reconnaître institutionnellement un désaveu. Cela obligerait à interroger la qualité de l’offre politique. Or, notre système repose sur l’idée implicite que « ne pas choisir, c’est accepter ».
Le vote blanc, s’il avait un véritable effet, bouleverserait ce postulat. Il deviendrait un signal politique fort. Peut-etre pourrait il même déclencher un nouveau scrutin.