Pourquoi je voterai … « Blanc », aux élections municipales de mars 2014

«Nanterre pour tous (GC)» ou «Nanterre pour chacun (UMP)», la majorité des Nanterrois souffre et la seule chose qu’ils partagent avec «générosité», c’est bien le chômage et la précarité.
Des paroles des paroles…des slogans et des pages de verbiage hautes et en couleur ainsi qu’un discours affecté, en guise de politique de fond pour Nanterre et ses habitants. Mode de communication politique trahissant le mépris de nos barons et politiques locaux à l’égard des électeurs considérés comme incapables de saisir des données chiffrées, des éléments factuels….
A Nanterre le diagnostic chiffré est accablant pour nos politiques qui quémandent nos suffrages le temps d’une élection, le temps d’une promesse. Notre commune, si prospère qu’elle se situe parmi les communes les plus riches de France, laisse une grande partie des ses habitants, de sa jeunesse patauger dans un marasme socio-économique et croupir dans la précarité de son quartier, de son milieu, qui les confine à la marge de la commune et de la société.

Il existe quatre ZUS et une ZRU, autrement dit 4 zones de chômage et d’exclusion. Le taux de chômage est de 13,3%. (En moyenne sur le quatrième trimestre 2013, le taux de chômage au sens du BIT s’élève à 10,2 % de la population active dans notre Pays y compris les D.O.M.). Dans certains quartiers comme celui du Chemin de l’Île, le taux de chômage est de 69,7%. Et ce chiffre terrible masque une réalité bien plus sordide car la mission locale de Nanterre indique que seuls 27% des 2295 jeunes suivis par elle sont inscrits à pôle emploi.

Au moins 40 % de nos ménages ne sont pas imposables et environ 20 % sont couverts par la CNAM et bénéficiaires de la Couverture maladie universelle complémentaire (CMUC). Ce taux avoisine les 50 % pour les allocataires ayant déclaré leur revenu par unité de consommation (UC) et se situent au-dessous de ce seuil.

Loin des discours ronflants, ce sont là les chiffres du désarroi et de la détresse sociale à Nanterre.
Face à cet îlot, cerné par la pauvreté, la précarité et le désespoir, il y a l’insolence de ce qui parait être une autre commune, un autre Nanterre. Celui d’une ville dite de « gauche », et par effet d’ironie résolument à gauche depuis 80 ans, défigurée par la laideur des symboles agressifs et outranciers d’un capitalisme tentaculaire qu’accompagne notre « démocratie locale ». Ceci afin que nous puissions goûter aux mirages de la grande distribution qui étale ce que la plupart d’entre nous ici à Nanterre ne pouvons nous offrir sans nous endetter lourdement. Une grande partie de nos concitoyens vivant chichement en attendant des lendemains meilleurs promis lors de chaque élection par nos élus : emploi, logement, santé, tous est promis. Même l’espoir.

Mais seules poussent, avec leur flot de nuisances, la spéculation immobilière et l’inflation du prix du m2, sans compter les parkings payants pour des riverains déjà bien accablés.
En un temps record, sur le territoire de notre commune, les structures du capitalisme commercial et financier avec ses symboles, hauts lieux de la consommation effrénée et aliénante et autre stades gigantesques pour jeux du cirque moderne destinés à nous faire oublier la misère sociale qui accablent tant de nos concitoyens à qui l’on fait les yeux doux, encore une fois le temps d’une élection …

Alors est ce que toutes ces entreprises sont une chance pour Nanterre ?!! Sont-elles un terreau d’emplois pour les habitants de notre commune ?

Hélas, non ! Nanterre est le troisième pôle d’emploi d’Île-de-France (95 000 emplois pour 90 000 habitants) mais un salarié sur 10 seulement est originaire et réside à Nanterre.
La raison en est simple. A Nanterre le tertiaire occupe une place prépondérante dans notre tissu économique et pour que les habitants de notre commune puissent avoir une chance d’occuper un poste dans ce segment d’activité à forte exigence en terme de compétence et diplôme, cela implique une politique éducative et scolaire ambitieuse pour lutter efficacement contre les déterminismes tels que le milieu social, économique, environnemental, pour une meilleure mixité scolaire et sociale plus propices à la réussite scolaire et professionnelle. Ce qui est loin d’être le cas dans notre commune ou 26% de la population de plus de 15 ans ne dispose d’aucun diplôme. Ce chiffre atteint 37% sur l’IRIS Provinces Françaises. Sur l’IRIS Acacias-Est,1 personne sur 2 de plus de 15 ans non scolarisée n’a aucun diplôme, soit 49%.

Parce que cinq collèges de la ville sont classés en Réseau réussite scolaire (RRS). Plus de 50 % des 18-24 ans ne sont pas scolarisés et 19% des 16-25 ans qui ne sont pas scolarisés ne sont titulaires d’aucun diplôme.
Parce que l’orientation professionnelle à la sortie du collège concerne 38% des élèves de Nanterre. Près de 40% des élèves de troisième du collège Victor Hugo, qui accueille des enfants du quartier, sont orientés en seconde professionnelle. Pour 43,5% des élèves, les orientations en fin de 3ème au collège République concernent un cursus professionnel.[1]

Le constat est accablant et signe l’échec des politiques municipales ! Le déterminisme social et économique au lieu d’être combattu efficacement est accompagné par les politiques menées localement. Il aboutit à la paupérisation et à la précarisation précoce de nos enfants déscolarisés ou/et sans diplôme.

La démocratie politique suppose qu’elle soit le pendant, la base et le support de la démocratie sociale et économique sans lesquelles nous basculons dans le vote où le « nanti » achète la voix du pauvre afin de continuer à asseoir ses avantages de nanti.

Le vote doit rester un acte libre, citoyen, un acte de témoignage fait en conscience. Le vote doit inspirer le respect et non le mépris et la pitié. Il devrait être l’acte libérateur, de toutes les conditions politiques et sociales en ce qu’il exprime au fond, non une opinion mais une conviction.

Au lieu d’affirmer péremptoirement, en guise de programme politique, que « Nanterre est malade des extrémismes … celui des communautarismes qui menacent la Laïcité » et d’agiter comme des moulins à vent les voiles, paradoxalement, du communautarisme que l’on dénonce, il conviendrait mieux en hommes et femmes politiques responsables de traiter des sujets qui intéressent et préoccupent les Nanterrois. Car justement, ceux qui agitent l’épouvantail du communautarisme sont ceux là même qui renvoient une partie de nos concitoyens à leur identité religieuse qui est une question de liberté de conscience en France.
La bataille fait rage sur tous les fronts et chacun tente désespérément dans la cohue de cette campagne électorale, de démarchage marketing, de se faire une place sur les bancs sordides des « gredins de la politique et des banques » ; formule de Huysmans qui n’a pas pris une seule ride.

Comment rester insensible face à ceux qui se revendiquent de cette identité religieuse et qui essaient une explication dont l’argument essentiel est « l’intérêt de la communauté et la promotion de la diversité » ?
Il est surprenant de se cacher derrière une communauté qui n’existe pas [2], autrement dit derrière un mythe créé de toute pièce et que l’on agite telle une amulette ou une baguette magique pour cautionner un projet et obtenir l’aval moral de ses sympathisants donnant ainsi du grain à moudre à nos détracteurs qui nous accusent de pratiquer le communautarisme.

Où est l’intérêt de cette prétendue « communauté » de référence musulmane quand on voit que l’Islamophobie a aujourd’hui ses lois, et que les acquis sociaux sont, uns à uns en train de s’écrouler des mains mêmes de ceux qui prétendent rafistoler la France à coup de diversité ?
Peut-être la consolation de pouvoir se réfugier dans la mosquée concédée parce qu’on nous aura éjecté de l’école et par voie de conséquence du monde de travail et in fine de la société. Et ceci au meilleur des cas, car dans des situations aussi critiques nombreux sont ceux qui ont même perdu le chemin de la mosquée…

Certains sont prêts à se fourvoyer, à rejoindre les listes de droite qui avancent les mêmes arguments islamophobes que les listes de gauche qui ne nous ont jamais écoutés. Autrement dit, quel que soit l’individu, le phénomène est national et la séduction UMP a opéré dans toute la France, notamment lorsqu’il s’agit de rappeler que l’UMP a manifesté contre l’enseignement de « la théorie du genre » comme si cela pouvait suffire à délivrer un certificat de satisfecit.

Certains disent avoir été séduits par l’idée de diversité, d’autres par des slogans et des promesses.

Nous ne sommes ni en mal d’écoute ni en mal de reconnaissance le temps de la liesse féerique d’une campagne.
Alors ne nous laissons pas emporter par le discours mielleux, qui se veut consensuel, de nos politiques. Séduction, flatterie, mensonge n’ont jamais fait un programme politique ni constitués l’exposé d’une doctrine ou d’une idéologie d’avenir.
« Apprenez que tout flatteur vit au dépens de celui qui l’écoute » [(cette leçon vaut bien une voix sans doute) dit Jean de la Fontaine dans la fable du Corbeau et du Renard.

Aussi dans une société où la marge de manœuvre devient quasi nulle pour des milliers voire des millions de citoyens, le vote blanc prend tout son sens pour constituer un véritable acte politique fort et un cri de défiance contre la classe politique qui nous gouverne et contre les politiques mises en œuvre. « Provoquer le scandale pour ne pas devenir sa proie. » [3]

Notre stratégie est fondée sur la canalisation de notre énergie pour la construction d’une résistance intelligente, autonome et responsable qui saura apporter l’espoir et le véritable changement pour renverser avec le peuple , avec tous nos concitoyens ce système inique qui opprime une frange de nos concitoyens et fonde une société profondément injuste et inégalitaire.

L’important n’est pas seulement de gagner une élection. Il importe encore plus d’emporter l’enthousiasme de nos concitoyens, de leur parler vrai.

L’essentiel c’est l’efficacité sociale et politique. Éduquer et structurer la conscience sociale pour créer des convictions et susciter des engagements politiques afin, notamment, de sortir l’islam de l’enfermement et l’isolement des mosquées, pour intervenir dans le débat démocratique et participer aux alternatives en gestation sur une autre France et une autre façon de faire de la politique.

Je voudrais remercier mes amies et amis pour la qualité du travail, qu’en 2008, nous avons, main dans la main, réalisé dans une fraternité engagée et dénuée de tout intérêt, tout au long de ces campagnes qui furent loin d’être faciles. Il y eut des moments forts, des moments difficiles mais sans que jamais ne nous quitte : « le sentiment de nous battre pour une cause juste et noble : la lutte pour une société qui bannit les discriminations et les traque dans toutes ses formes et dans tous les domaines. »
Militante, je le suis et le resterai. Ce communiqué en est l’expression et mes idéaux et mes valeurs sont toujours aussi vivaces. Je resterai fidèle à mon idéal de liberté et de justice, loin de tout sectarisme idéologique ou d’abdications politiques. Pour finir, permettez moi de paraphraser Danton : avec de « l’audace, encore de l’audace et toujours de l‘audace » nous construirons notre destin.

[1] Plus de 24.000 personnes scolarisées et Nanterre ne dispose pas de CIO ( Centre d’information et d’orientation)
[2] Si cette communauté existait dans les faits, la Palestine ne serait jamais tombée ou au mieux sa libération eut été effective depuis bien longtemps.
[3] A partir du 1er avril 2014, le vote blanc sera distingué des vols nuls et comptabilisé.

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